vendredi 19 octobre 2012

Le Perou

Titre original: El hablador,
1987,
Chez Suhrkamp,
En 1990,
Traduit de l'allemand par Elke Wehr,
320 pages

Le narrateur est à Florence pour prendre de la distance par rapport à sa vie et à ses origines. Ironie du sort, il voit en vitrine, une exposition de photo sur le Pérou, son pays d'origine et sur les Machinguengas, une tribu d'Amazonie. Suite à cela, le narrateur décide d'écrire un livre sur son ancien ami Saul, surnomé Mascaritas à cause de la tâche de vin sur son visage, qui avait à coeur de protéger cette population menacée. On se retrouve emporté d'abord par l'histoire d'une amitié qui s'est étiolée au fil des années - Saul et le narrateur, se déchiraient sur la façon de préserver les Machinguengas - puis par les expériences du narrateur avec la tribu et les protestants désireux de la protéger des dangers des autres populations et de la dispersion en créant des villages. Ces récits sont entrecoupés par la voix de "l'homme qui parle", le conteur véhiculant l'imaginaire et la sagesse Machinguengas à travers des récits qui duraient des nuits entières... On entre alors au coeur de la mythologie de ce peuple mystérieux, en accord avec la nature, toujours obligé de fuire et de se séparer pour se protéger...

Comment ce livre s'est-il retrouvé sur ma PAL? Tous les ans, à Vienne, plusieurs exemplaires d'un des livres écrit par un prix Nobel de littérature sont distribués gratuitement. L'année dernière, Wowereit, le maire de Berlin, dans sa grande bonté, s'est prêté au jeu et a procédé à la distribution dans notre ville. C'est ainsi que ma comparse toulousaine a pioché dans la distribution et j'en ai reçu un volume.

Je me suis dit: "oh un livre sur le Pérou, cela va me changer un peu de mes lectures sur la seconde guerre mondiales, sur l'holocaust et les Juifs". Et bien figurez-vous que même au fin fond de l'Amazonie, les Juifs sont à l'honneur. Déjà, on apprend que Saul est fana de Kafka, que son père est converti au judaisme et surtout, que le peuple des Machinguengas présente des points communs avec les Juifs: sans cesse obligés de fuir et de se séparer en diverses "diasporas" pour éviter les nombreuses menaces...

C'est un roman brillant, à l'écriture fluide précise, mais certains passages sur la mythologie ont eu raison de moi à un certain moment, si bien que j'ai dû interrompre ma lecture au profit d'une série de livres en français, histoire de faire une pause. Ce fut avec un immense plaisir que j'ai repris ma lecture à un passage plus concret, plus compréhensible et que j'ai senti les noeuds de l'énigme (oui, le roman est énigmatique à certains endroits) se détacher. J'ai été touché par la sagesse et la proximité avec la nature de ce peuple "primitif".

À la fin du livre, on peut lire le discours touchant de Llosa à la remise du prix Nobel. On y apprend sa relation avec la littérature depuis son enfance et ce qu'elle représente pour lui : un pont entre les cultures et les habitudes les plus diverses. 

La traduction française par Albert Bensoussan existe sous le titre "L'homme qui parle", pas d'excuse ;-)

3 commentaires:

David a dit…

Ah le pérou ! l'histoire de l'amérique Précolombienne est incroyablement riche ! Que ce soient les incas, les azteques, les tribus des grandes plaines... Ton billet me rapelle un passage du Roman Azteca de Gary Jennings ( ou plutot pavé parce 3000 pages en format poche).

Le héros, Nuage noir, rencontre un peuple qui se fait appeler les Tarahumaras (pieds agiles), Ces gens ont pour religion et foi la course a pied ! De leur naissance a leur mort, on court, on court ! Ils furent exterminés par les conquisadores ( oubli volontaire de t) au motif que leur vélocité rendait leur controle et leur esclavage impossible ! Tiens, je devrais parler de ce Roman dans un prochain billet, et je te le conseille parce que c'est une histoire magnifique dont tu ressort changé !

Little Cat a dit…

ah oui en effet c'est assez rapprochant, intéressant; en revanche ma PAL est suffisante pour que l'envie de m'enfiler les 3000 pages me passent vite fait; quel dommage

David a dit…

euh non ! 1047 pages ! ou avais je la tete ?

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...